mercredi 8 février 2012

Et si on partait sur une ile?

Tout le monde connait l'histoire de Robinson Crusoé, échoué sur son ile... Depuis très longtemps se propage ce mythe de l'ile déserte...On a tous parfois envie de s'exiler sur une ile de ce genre, sans personne pour nous emmerder, pour faire corps avec la nature, comme un retour aux sources...  Mais pour la majorité d'entre nous c'est une simple idée, quelque chose qui nous traverse l'esprit comme ça, en passant...
Pour mon invitée d'aujourd'hui et sa petite famille, ce n'est pas seulement une idée, mais une réalité, leur réalité.

Soizic et David sont les seuls humains (avec leurs enfants: Chloé et le bébé à venir) de l'Ile de Quéménès, dans l'archipel de Molène:



J'ai découvert leur histoire dans un documentaire à la télé, et j'ai été fascinée et épatée! Les lieux sont sublimes, et l'aventure (parce que c'est vraiment une aventure!) étonnante!

En 2005 le Conservatoire du littoral, propriétaire de Quéménès, a lancé un appel à candidature pour un projet visant à faire revivre l'ile abandonnée depuis quelques années. Soizic et David, jeunes mariés, ont été sélectionnés. Tout était à créer ou presque quand ils ont débarqué sur l'ile en 2007.
L'objectif de cette coopération avec le Conservatoire du Littoral était de redémarrer l'exploitation agricole afin, bien sûr, que Soizic et David puissent en vivre, et aussi dans le but d'entretenir l'ile et ses espaces naturels.

Maintenant, ils gèrent la Ferme Insulaire de Quéménès, accueillant des vacanciers dans leurs chambres d'hôtes, s'occupent de leurs compagnons à poils et à plumes, produisent des pommes de terre qu'ils vendent dans leur région et aussi sur le net, dans leur boutique et récoltent des algues depuis l'année dernière.

L'île est autonome à tous points de vue puisque toutes les installations fonctionnent à l'énergie naturelle (solaire, éolien, récupération d'eau de pluie, et j'en passe....)...

Un séjour à Quéménès, c'est du dépaysement total, une bouffée d'air marin, et de la découverte puisque l'accueil du public est à vocation pédagogique.

Bref, depuis que j'ai découvert leur histoire, je les suis régulièrement à travers leur Journal de bord.
Vous trouverez aussi toutes les infos sur l'Ile et la ferme sur le site officiel, où vous pourrez aussi réserver un weekend ou des vacances (qui moi me font rêver, et je compte bien y aller dés que ce sera possible pour nous!!!)...Vous trouverez également leur page sur Facebook et sur Hellocoton.

En attendant d'y aller, j'ai la joie d'accueillir ici Soizic, qui a eu la gentillesse d'accepter immédiatement quand je lui ai proposé l'interview!

Place au guide!!!


  • Présentez-vous en quelques mots
Je suis née à Dunkerque et mon mari à Paris. A nous deux, nous avons 64 ans, un Bac+2 en valorisation des produits de la mer, une maîtrise de géomorphologie du littoral, une petite Chloé de deux ans et un autre petit bout qui devrait bientôt arriver.

  • Comment avez-vous eu connaissance du projet de la ferme insulaire ?
Le Conservatoire du littoral a lancé un appel à candidature en 2005 auquel nous avons répondu.

  • Qu’est-ce qui vous a donné envie de poser votre candidature ? Aviez-vous d’autres ambitions professionnelles avant cette aventure ?
Lorsque nous avons eu connaissance de l'appel à candidature, le projet nous a tout de suite donné envie ; à la fois parce qu'il nous permettait de travailler chacun dans un domaine qui nous intéressait (David dans l'agriculture et moi dans l'éducation à l'environnement) et parce que le cadre de vie de ce projet est tout simplement exceptionnel !

NDLB: C'est clair que ça fait rêver!!!!! (en tout cas moi!!!)
source: www.e-voyageur.com
source: www.lekayaketlamer.com
source: Le journal de bord de Quéménès


  • Quelle a été votre réaction quand vous avez su que vous étiez sélectionnés ? Avez-vous eu des appréhensions particulières ?
Si je dis que l'on était contents, tu me croiras ?
Nous n'avons pas eu d'appréhension particulière, mais comme toute création d'entreprise, il y avait beaucoup d'inconnues quant à la faisabilité du projet ; en fait c'étaient plus des appréhensions liées à la réalisation économique du projet qu'à la vie insulaire.

  • Combien de temps cela a-t-il pris pour tout concrétiser ? (entre l’acceptation de votre candidature et l’installation sur Quéménès). Quels aménagements avaient été faits pour votre arrivée ?
L'appel à projet a été ouvert en mars 2005 et nous sommes arrivés sur l'île au printemps 2007. Les travaux réalisés par le Conservatoire du Littoral pour la réhabilitation de l'île on été très importants : il y avait à la fois la remise en état des bâtiments de la ferme (toutes les toitures ont été reprises), l'installation de l'eau et de l'énergie grâce à des panneaux solaires et une éolienne, et la réfection de la cale d'accès.

  • Avant cette aventure, aviez-vous imaginé vivre de cette manière ? (j’entends par là avec toutes ces installations écologiques, cette vie au naturel, etc.)
Jamais !

  • Aviez-vous une idée « précise » de ce que vous auriez à accomplir, ou avez-vous eu des surprises  (bonnes ou mauvaises d’ailleurs) en débarquant ?
Nous savions ce que nous souhaitions faire : cultiver des (délicieuses) pommes de terre, accueillir le public dans des chambres d'hôtes et avoir un petit troupeau de moutons pour entretenir les pâtures. Bien sûr, nous ne pouvions pas imaginer tout ce que cela impliquerait, surtout que nous ne travaillions ni l'un ni l'autre dans ces domaines, et il nous a fallu une première année pour trouver nos marques. Aujourd'hui chacun de nous a trouvé sa place, et notre travail est du coup beaucoup plus efficace.

  • Avez-vous eu des moments de découragement ? Qu’est-ce qui vous a (re)motivés le cas échéant pour persévérer ?
Bien sûr, il y a eu des moments où le travail paraissait insurmontable ; heureusement que j'ai épousé Superman.

(attention nous tenons donc un scoop, le vrai Superman vit sur une ile bretonne!!!!!!!!!!!!!!NDLB)


  • Décidez-vous vous-même de ce que vous faites à la ferme, ou avez-vous des « obligations », des objectifs précis fixés par le Conservatoire du Littoral ?
Nous sommes locataires du Conservatoire du littoral, c'est donc à nous de décider du travail qui doit être fait pour assurer l'équilibre économique de la société dans le respect du cahier des charges que nous avons signé avec eux.

  • Décrivez-nous votre ferme, ce que vous produisez, les animaux, etc.
Nous sommes une petite exploitation agricole ; nous produisons une dizaine de tonnes de (délicieuses) pommes de terre, nous accueillons le public dans 3 chambres d'hôtes, nous élevons un troupeau d'une cinquantaine de brebis et depuis l'an dernier nous récoltons aussi des algues destinées à l'agro-alimentaire.

Source: la boutique de Quéménès
source: Le journal de bord de Quéménès
(Plus de renseignements en cliquant ici)

source: Le journal de bord de Quéménès

source: Le journal de bord de Quéménès

  • Avez-vous eu du mal à gérer la rusticité du quotidien, en tout cas au début, quand les installations n’étaient pas « au point » ?
En 2007, ça n'a pas été facile de faire à manger pour la dizaine d'ouvriers présents sur l'île sans eau courante ni électricité, mais ça nous a bien aidé à nous rendre compte de ce que l'on pouvait consommer en une journée !

  • Y a-t-il des choses auxquelles vous avez eu du mal à vous habituer ou avec lesquelles vous avez toujours un peu de mal ?
Euuuuh, ben non, je crois que ça va.

  • Comment avez-vous géré la solitude, surtout quand vous n’aviez pas votre fille ? Molène n’est pas loin mais je suppose que certains jours la mer empêche toute navigation, et parfois n’être qu’à deux n’est pas évident…
Ben si on s'est mariés, c'est bien pour passer du temps ensemble... Et puis on ne s'est jamais fait la réflexion que l'on se sentait seuls. C'est vrai ! Nous avons plein de choses à faire, donc pas beaucoup de temps pour se poser des questions, et puis on reçoit près de 400 personnes par saison à la chambre d'hôtes ; du coup, l'hiver est plutôt la période où l'on peut se retrouver...

  • Comment se passe le ravitaillement ? le courrier, etc. ?
Bien ! Le courrier arrive à Molène où nous allons le chercher une à deux fois par semaine. Pour les courses, David va sur le continent tous les 15 jours pendant la saison des chambres d'hôtes, et l'hiver cela dépend de ce qu'il reste dans le frigo et de la météo.

  • Vous avez une petite fille, et bientôt un autre bébé (peut-être même qu’il est déjà là à l’heure où je parle !), comment avez-vous géré la grossesse sur l’Ile ? Avez-vous eu des inquiétudes, des difficultés spécifiques à cette vie insulaire ? Comment avez-vous fait pour la naissance ?
La grossesse se passe bien, comme pour toutes les autres futures mamans en fait ; la seule différence, c'est que lorsque l'on habite sur une île, il est recommandé de rentrer sur le continent 1 mois avant le terme. Ça c'est la partie pas drôle de la vie insulaire.

  • Comment gérez-vous la vie quotidienne avec une petite puce sur cette Ile ? (Sa nourriture, les couches, les maladies éventuelles….)
Bien ; on lui donne à manger tous les jours, on change sa couche quand elle est pleine et on l'emmène chez le médecin quand elle est malade. Comme tous les autres parents en fait (enfin, j'espère !).
(NDLB: Comme on s'en serait douté vu la démarche écologique de l'aventure, Soizic et David ont opté pour les couches lavables, comme ils l'expliquent ici: clic clic)

  • Chloé va avoir 3 ans cette année, avez-vous une idée de sa future scolarisation ? Pensez-vous la scolariser dès la rentrée prochaine ? Pensez-vous à d’autres modes d’instruction comme l’école à la maison par exemple ?
Chloé ne pourra pas aller à la maternelle à Molène parce que :
1) L'école c'est surtout l'hiver ; et que partir en bateau de nuit, pour revenir de nuit, sur une mer rarement calme, à 3 ans, je ne suis pas sûre que ça l'aide beaucoup
2) Il faut à David 1h30 pour faire l'aller/retour à Molène, donc 3 heures si on compte un trajet le matin pour l'emmener et un trajet le soir pour la ramener ; ce n'est pas gérable avec le travail à fournir sur l'exploitation.
3) La scolarisation est obligatoire à partir de 6ans (pour le CP) ; d'ici là, nous participerons nous-même à son éveil, et à partir du CP, elle suivra certainement le cours du CNED.
Mais bon, rien n'est défini encore, déjà, on ne sait pas si nous serons toujours sur l'île à ce moment là, et puis peut-être que d'autres solutions nous seront apparues d'ici là.

  • Comment envisagez-vous l’avenir ?
Bien.

  • L’aventure a-t-elle une durée déterminée déjà fixée ?
Non.

  • Avez-vous déjà une idée de ce que vous ferez après dans le cas où vous devriez quitter l’Ile ?
Nous devrons quitter l'île un jour, puisque de toute façon ce ne sera jamais chez nous, ce sera toujours un territoire du Conservatoire du littoral. Mais même si l'on en est pleinement conscients, pour l'instant nous n'avons ni le temps, ni l'envie de penser à ce que l'on pourrait faire ensuite, il y a encore beaucoup de choses à faire ici.

  • Avez-vous la sensation d’avoir beaucoup changé depuis votre arrivée sur l’Ile ? Si oui de quelle manière ?
C'est certain, sur bien des plans ; toute expérience est enrichissante, mais il est vrai que ce que nous avons la chance de vivre l'est particulièrement. Peu de gens ont l'opportunité de construire quelque chose en couple, et rien que ça, ça change déjà beaucoup de choses. Ensuite, le fait d'accueillir autant de personnes à sa table ne peut que nous faire évoluer : quand on songe au nombre de conversations que nous avons pu avoir avec des publics tellement variés et sur des sujets très divers : on ne peut ressortir qu'enrichis d'une telle expérience. Et puis d'un point de vue écologique nous avons également beaucoup changé, à la fois par rapport à notre connaissance des systèmes qui équipent la ferme : les panneaux solaires, l'éolienne, les toilettes sèches, la récupération d'eau de pluie, la phyto-épuration, etc., et aussi par rapport à notre regard sur la nature puisque nous avons la chance d'observer un superbe spectacle au quotidien.

  • Si vous deviez faire un bilan, qu’est-ce que cette expérience vous a apporté ?
Je répondrais la même chose que pour la question précédente.

  • Quel serait jusque-là votre plus mauvais souvenir ou votre plus grosse galère ?
La première année où nous avons ouvert la chambre d'hôtes, nous avons eu des clients qui ont été très insatisfaits de leur séjour, mais qui ne nous l'ont pas dit. Ça a été très dur de découvrir leurs griefs sur Internet puis par le Conservatoire à qui ils avaient écrit. Avec le recul, cela a finalement été une bonne chose parce que leurs critiques nous ont fait faire un grand pas en avant dans notre démarche d'accueil.

  • Et le meilleur ?
Des bons souvenirs, il y en a plein ; que ce soient les belles amitiés qui se sont créées avec les hôtes, le spectacle perpétuel que nous offre Dame Nature, ou dans notre vie de famille : nous avons la chance d'avoir chaque jour de belles surprises !

  • Quels sont les prochains projets de la ferme ?
Avec l'arrivée de n°2, nous aimerions faire un peut moins de séjours à la chambre d'hôtes pour pouvoir profiter un peu plus de notre vie de famille. Alors pour compenser la perte financière que cela entraînerait, nous réfléchissons à la possibilité de travailler un peu plus sur les algues ou la transformation d'une partie de nos pommes de terre ; mais bon, pour l'instant, nous n'en sommes qu'au stade des réflexions, ce n'est pas pour demain !

  • Allez-y, faites-nous rêver, dites-nous ce qui nous attend si nous venons passer des vacances dans votre ferme ?
C'est difficile, parce que chacun vient pour des raisons différentes et il n'y a pas deux séjours qui se déroulent de la même manière ; en plus, je préfère en général brosser un portrait plutôt pessimiste pour éviter les déconvenues... Mais bon, voilà ce qui pourrait se passer (sachant que chacun fait ce qu'il veut de ses journées, et que l'on ne se retrouve que pour les repas) :
Alors bien sûr, il pourrait faire beau, même très beau ; vous pourriez voir les dauphins venir jouer au Sud de l'île, et admirer un merveilleux coucher de soleil sur la mer ; vous pourriez vous émerveiller devant les agneaux qui jouent à saute mouton, et émerveiller un jeune phoque par vos mouvements de brasse dignes de Laure MANAUDOU ; vous pourriez vous régaler des délicieux repas que nous vous préparerons, et vous reposer derrière un rocher, à l'abri du vent, seul au monde ; vous pourriez pêcher votre premier poisson, et dormir dans un grand lit avec une super couette...
Bien sûr, tout cela est possible.
Il peut aussi pleuvoir des cordes pendant 3 jours, les autres hôtes pourraient vous sortir par les trous de nez, et je pourrais louper le fondant au chocolat. Aussi.

  • Comme il est de coutume sur ce blog, vous pouvez ajouter n’importe quoi !!
Ben avec toutes tes questions, ça va être difficile de trouver autre chose à dire ! Tu étais journaliste dans ta vie précédente ???
Merci de nous avoir fait une petite place chez toi,
Grosses bises,
Soizic.









Alors moi je dis MERCI Soizic de t'être prêtée au jeu des questions sur mon blog, comme ça, sans hésiter, sans demander quoique ce soit... Et en plus t'as été super rapide pour répondre! 
J'ai encore plus envie d'aller passer quelques jours sur ton ile, et j'espère avoir aussi donné envie à mes lecteurs!!
Je te souhaite d'ores et déjà un magnifique bébé qui sera j'en suis sûre aussi mignon que sa soeur, avec qui il ira bientôt faire rougir ses petites joues au grand air avec les mout-mouts, les phoques et tous les autres habitants de l'ile!!!!!

Et vive les patates!!!!!


PS: si déjà là ça ne vous faisait pas rêver, allez lire cet article de dernière minute, moi j'en suis bouche bée (et verte d'envie!)


NDLB: Note de la blogueuse!!
Rendez-vous sur Hellocoton !

4 commentaires :

  1. Philippe Giron3 mars 2012 à 17:29

    Sympa l'article ! Comme les occupants de Quénénès ! :-)

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  2. Je connais ... un peu l'endroit, mais je me régale toujours de ces confidences !
    Grand Pierre

    RépondreSupprimer
  3. Michel LAROCHE9 mars 2012 à 09:07

    Je connais l'ile pour y être allé 3 fois...c'est génial pour qui aime la solitude et le grand air.L'endroit est exceptionnel
    Soizic est David eux aussi sont exceptionnels, des gens comme je les aime.
    Chloé est à croquer....
    Je vais y retourner !!!

    RépondreSupprimer

Hop, à vous la parole!
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